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Cuisine de la Plaine Centrale et cuisine royale thaïlandaise : entre terroir, influences et raffinement

Dernière mise à jour : 12 oct.

Illustration des différents plats de la cuisine de la Plaine Centrale et de la cuisine royale thaïlandaise
Cuisine de la Plaine Centrale et cuisine royale Thaïlandaise, un voyage au cœur des traditions.

Voyage au cœur de la cuisine de la Plaine Centrale et cuisine royale thaïlandaise

Depuis plusieurs semaines, nous parcourons la Thaïlande à travers ses cuisines régionales. Après le Nord, riche de ses herbes montagnardes et de ses currys grillés, puis le Nord-Est, marqué par ses échanges avec le Laos et le Cambodge, nous arrivons aujourd’hui au centre du pays. La Plaine Centrale, traversée par le fleuve Chao Phraya, est souvent surnommée le « grenier à riz » de la Thaïlande. C’est une terre fertile où abondent fruits, légumes et herbes, mais c’est aussi le foyer de plats devenus emblématiques dans le monde entier.


Dans cet article, nous allons explorer la manière dont la géographie, le climat et les ressources de la Plaine Centrale ont façonné une cuisine abondante et variée. Nous verrons ensuite comment les grands plats emblématiques de la région ont vu le jour. Nous analyserons enfin le rôle des influences extérieures, qu’elles soient chinoises, portugaises ou persanes, avant de nous arrêter sur la cuisine royale, née à Ayutthaya et codifiée à Bangkok, qui incarne encore aujourd’hui le raffinement thaïlandais.


Du milieu aux assiettes : mécanismes d’influence

La Plaine Centrale est une vaste zone alluviale irriguée par le fleuve Chao Phraya et ses affluents. Ce système hydraulique a toujours structuré la vie agricole et culinaire. Chaque crue déposait des sédiments qui fertilisaient les terres, permettant la culture du riz et une variété impressionnante de fruits et légumes. Ce lien intime entre géographie et alimentation se lit dans les assiettes.


Les sols alluviaux fertiles ont donné naissance à une cuisine où les fruits occupent une place importante. Le pomelo, cultivé dans la région, est souvent associé à des gambas dans la salade Yam Som O où l’acidité et la douceur se répondent. L’ananas, abondant, se retrouve dans des plats comme le riz sauté à l’ananas, où le fruit n’est pas qu’un accompagnement mais devient un ingrédient central, apportant fraîcheur et contraste.


Les ressources aquatiques sont tout aussi essentielles. Les rivières et les canaux regorgent de poissons, crevettes et coquillages. Les gambas d’Ayutthaya, réputées pour leur taille et leur saveur, sont devenues un symbole de la gastronomie centrale, souvent grillées et servies avec une simple sauce pimentée. Des plats comme la soupe aigre de maquereau montrent combien le poisson de rivière est intégré aux saveurs quotidiennes.


Le climat chaud et humide a favorisé l’importance des soupes et des bouillons. Dans une atmosphère où la chaleur et l’humidité fatiguent, ces plats hydratants et parfumés sont essentiels. La soupe tom yam kung, avec son équilibre entre acidité, piquant et herbes fraîches, en est l’exemple le plus célèbre. La soupe tom kha kai, plus doux, associe lait de coco et galanga pour une soupe à la fois réconfortante et raffinée.


La topographie plate et l’irrigation ont permis de cultiver des herbes et légumes tout au long de l’année. Ainsi, le basilic sacré, la coriandre ou le liseron d’eau sont omniprésents. Le poulet sauté au basilic sacré (pad kaprao) est devenu l’un des plats les plus populaires de Thaïlande, tout comme le liseron d’eau sauté, que l’on retrouve aussi bien sur les tables familiales que dans les marchés de rue.


Enfin, les voies fluviales comme routes de commerce ont facilité la diffusion des ingrédients et des techniques. Les marchés flottants ont longtemps été des lieux d’échanges où s’entrecroisaient produits locaux et denrées venues de loin. C’est dans ce contexte que des plats comme le pad thaï ou certains currys (panang, choo chi, vert) se sont imposés, combinant ingrédients indigènes et apports extérieurs.


Cette abondance, cette variété et cette circulation des produits expliquent pourquoi la Plaine Centrale a pu devenir le cœur battant de la cuisine thaïlandaise.


Les plats emblématiques de la Plaine Centrale

Si la Plaine Centrale est surnommée le grenier à riz de la Thaïlande, elle est aussi le berceau de plats devenus des symboles du pays. Beaucoup de recettes que l’on associe spontanément à la cuisine thaïlandaise dans le monde entier sont nées ici, au cœur de la plaine du Chao Phraya.


Le pad thaï en est l’exemple le plus évident. Bien qu’il ait été popularisé au XXᵉ siècle, il repose sur une tradition bien plus ancienne : celle des nouilles de riz sautées au wok, héritée des échanges avec la Chine. Dans la version centrale, le pad thaï est agrémenté de crevettes séchées, de tofu, de germes de haricots mungo et d’arachides grillées, un équilibre parfait entre textures et saveurs.


Autre plat emblématique, la tom yam kung, la soupe aigre-piquante aux gambas. C’est probablement la soupe thaïlandaise la plus connue à l’étranger. Elle illustre parfaitement l’art central de marier l’aigre, le piquant et l’aromatique. La citronnelle, le galanga et les feuilles de kaffir, associés au piment et au jus de citron vert, composent un bouquet intense qui a donné à cette soupe une renommée internationale.


Le curry vert (kaeng khiao wan) est un autre fleuron. Contrairement aux currys du Sud, réputés pour leur intensité, le curry vert central se distingue par un piquant plus modéré et une complexité aromatique fondée sur le lait de coco frais, les piments verts, le basilic et les feuilles de kaffir. C’est l’un des currys les plus représentatifs de la cuisine centrale, apprécié pour sa richesse équilibrée.


Mais au-delà de ces icônes, la Plaine Centrale regorge de plats plus discrets mais tout aussi fascinants. Le curry choo chi, souvent préparé avec du poisson, est plus onctueux que d’autres currys, avec une pâte riche en herbes et un lait de coco abondant. La soupe aigre de maquereau illustre la capacité de la cuisine centrale à mettre en valeur les poissons de rivière par des préparations simples mais savoureuses. Quant aux boat noodles, ces nouilles servies dans un bouillon parfumé autrefois cuisiné directement sur les barques des khlongs, elles incarnent l’esprit de Bangkok et rappellent combien les voies d’eau ont façonné la vie culinaire.


Enfin, les snacks et petites bouchées complètent ce tableau culinaire. Les aumônières farcies (tung tong), croustillantes et élégantes, témoignent à la fois de la créativité de la rue et de l’influence de la cuisine de cour. Les œufs en sauce tamarin (khai luk keuï) illustrent quant à eux la capacité de la cuisine centrale à transformer des ingrédients simples en plats délicats. L’essor de ces préparations est étroitement lié à l’histoire de la cuisine de rue. Si elle trouve ses racines dans les marchés flottants et les quais du Chao Phraya, elle s’est véritablement développée avec l’urbanisation rapide de Bangkok au XXᵉ siècle. Les vendeurs ambulants, installés dans les ruelles, au bord des canaux ou sur les places de marché, ont répondu à la demande croissante d’une population citadine qui cherchait des repas rapides, abordables et variés.


Un carrefour cosmopolite aux multiples influences

La Plaine Centrale n’est pas seulement une région fertile : elle a toujours été un carrefour. Le royaume d’Ayutthaya, puis la ville de Bangkok, ont attiré marchands, missionnaires, migrants et diplomates, qui ont laissé leur empreinte dans la gastronomie. La cuisine centrale est donc autant une cuisine du terroir qu’une cuisine cosmopolite.


Les influences chinoises sont parmi les plus visibles. Les migrants venus du Sud de la Chine ont introduit les nouilles, la sauce soja et la technique du wok. C’est à eux que l’on doit les soupes de nouilles (kuai tiao), les plats sautés comme le pad see ew et les nouilles en sauce rad na. Ces plats, aujourd’hui omniprésents dans les rues de Bangkok, rappellent combien la cuisine chinoise a façonné le quotidien thaïlandais.


Les Portugais, arrivés dès le XVIᵉ siècle, ont marqué la cuisine sucrée. Ils ont introduit les desserts à base d’œufs et de sucre qui se sont transformés en véritables trésors de la pâtisserie thaïlandaise. Le foi thong, de fins fils d’or réalisés avec des jaunes d’œufs, et le thong yod, petites gouttes dorées sucrées, sont des héritages directs de ces échanges, intégrés et adaptés au goût local.


Les influences persanes et musulmanes se sont également imposées, notamment par l’introduction d’épices rares dans les autres régions. La cardamome, la cannelle, l’anis étoilé ou encore les clous de girofle ont été intégrés dans certains currys doux et raffinés, destinés à la table royale. Ces épices, symboles d’exotisme et de prestige, ont enrichi l’éventail aromatique de la cuisine centrale.


Enfin, le commerce intérieur et maritime a contribué à élargir l’éventail des produits disponibles. Les poissons et crevettes du golfe de Thaïlande, les fruits venus des provinces voisines ou encore les ingrédients importés par les routes maritimes ont trouvé leur place dans les marchés de Bangkok. Cette circulation permanente a permis à la Plaine Centrale de devenir un creuset, où se rencontrent à la fois les traditions locales et les influences étrangères.


Les principes de la cuisine royale thaïlandaise

La cuisine royale, née à Ayutthaya et codifiée à Bangkok, a donné à la gastronomie centrale un raffinement inégalé. Elle ne se réduit pas à une cuisine d’apparat : elle est guidée par des principes précis, pensés pour allier confort, fraîcheur, qualité et esthétique.


Facilité à manger. L’un des grands principes de la cuisine royale est de rendre chaque plat facile à déguster. Les convives n’ont pas à s’inquiéter des arêtes ou des os. Les crabes sont décortiqués puis farcis, les ailes de poulet sont désossées et remplies de leur chair hachée et assaisonnée, les gambas d’Ayutthaya sont ouvertes et reconstituées pour être savourées sans effort.


Proximité et terroir. À une époque sans réfrigération, la proximité géographique était essentielle. Les produits devaient parvenir frais à la cour. C’est ce qui explique pourquoi les gambas d’Ayutthaya, transportées en quelques heures par bateau, sont devenues des produits royaux par excellence. Les fruits de la Plaine Centrale, acheminés par les khlongs, ont également trouvé leur place sur la table royale.


Qualité et fraîcheur. Seuls les ingrédients les plus parfaits étaient retenus. Les fruits devaient être sans défaut, le lait de coco fraîchement pressé, les poissons choisis parmi les plus frais. Cette exigence de qualité fait encore aujourd’hui partie de l’image de la cuisine royale.


Équilibre gustatif. La cuisine royale évite les excès. Trop de piment, trop de sel ou trop de sucre auraient été inacceptables. L’objectif est l’harmonie, l’équilibre entre sucré, salé et aigre. La soupe tom kha kai, crémeuse mais légère, ou le curry panang, doux et aromatique, incarnent cette recherche de subtilité.


Esthétique et présentation. Enfin, l’esthétique est une signature royale. Les fruits et légumes sculptés, les desserts présentés comme des bijoux, les plats aux couleurs harmonieuses étaient autant de marqueurs de discipline et de prestige. La beauté de l’assiette reflétait la grandeur de la cour. En effet; la cuisine royale, ce n'est pas seulement le goût, c'est un marqueur social, visant à impressionner.


Ces principes font de la cuisine royale un modèle de raffinement qui a durablement influencé la cuisine thaïlandaise, bien au-delà des palais.


Vers le Sud : une nouvelle étape culinaire

La Plaine Centrale, avec ses sols fertiles, ses ressources aquatiques et son histoire cosmopolite, constitue le cœur de la cuisine thaïlandaise. C’est là que sont nés de nombreux plats devenus emblématiques dans le monde entier et c’est aussi là que la cuisine royale a été codifiée, offrant un modèle de raffinement et d’harmonie.


Pour ceux qui souhaitent prolonger l’expérience et ramener chez eux les saveurs de la cuisine de la Plaine Centrale et cuisine royale, plusieurs possibilités s’offrent à vous. À notre école de cuisine à Koh Samui, nous proposons des cours d’une demi-journée pour découvrir les bases, des formations intensives pour les professionnels, et même un programme d’un an dans le cadre du visa DTV, où un mois entier est consacré à la cuisine de la Plaine Centrale.


Et si vous ne pouvez pas voyager jusqu’à nous, vous pouvez retrouver de nombreux plats cités dans cet article et bien d'autres dans notre ouvrage 50 recettes de la Plaine Centrale. Ce livre est pensé comme une véritable porte d’entrée dans cette cuisine riche et variée, permettant à chacun de la reproduire chez soi.


Notre voyage à travers les cuisines régionales de la Thaïlande ne s’arrête pas ici. La prochaine étape nous conduira vers le Sud du pays, une région où la mer joue un rôle central. On y découvre des currys plus intenses, des saveurs dominées par le piquant et le salé, et une abondance de fruits de mer. Des plats comme le curry aigre de poisson à l’ananas ou le crabe sauté au curry témoignent de la richesse culinaire de cette région tournée vers l’océan. Notre prochain article consacré à la cuisine du Sud vous amènera à la découverte d’un autre visage de la Thaïlande culinaire, tout aussi passionnant et contrasté.


Recettes de la Plaine Centrale
THB 190.00
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